Coronavirus et le non-respect des mésures barrières : l’indifférence des populations

Depuis le premier cas de coronavirus signalé en Côte d’Ivoire le mercredi 11 mars 2020 par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Eugène Aka Aouélé, le gouvernement ivoirien a mis en place un plan de riposte national en vue de venir à bout de cette pandémie. A cet effet, il a initié des campagnes de sensibilisation d’envergure nationale. Les axes de ces campagnes ont porté sur un ensemble de mesures, notamment le respect strict des mesures barrières.
Qu’en est-il exactement sur le terrain aujourd’hui en termes d’impact de toutes ces actions ? Il serait trop prétentieux de donner pour l’instant une réponse affirmative à cette préoccupation. Mais il est possible de dire au risque de se tromper que le non-respect de ces mesures barrières par les populations ivoiriennes est une réalité incontestable. Cette situation déplorable fait appel à une série de questionnement : qu’est-ce qui explique cette attitude des populations ? L’insouciance ? l’ignorance ? la défiance ? Ces actes d’incivisme ne sont-ils pas de nature à ruiner tous les espoirs que les autorités ivoiriennes ont placé dans ce plan de riposte ? Puisque l’isolement du Grand Abidjan dont la mesure était rentrée en vigueur le dimanche 29 mars 2020 à minuit, n’a pas permis à la population de mesurer la gravité de cette pandémie. Son manque de responsabilité et de conscience notoires perceptibles à tout point de vue constitue un frein au respect des mesures barrières.
Et pourtant chaque jour, nous constatons de manière impuissante au nombre croissant de cas contaminés estimés à ce jour à plus de 2.500 cas. Puisque certains citoyens font fi de cette propagation inquiétante en pensant que la Covid-19 est non seulement une maladie de riche, mais aussi un business orchestré par certains dirigeants pour s’enrichir. C’est que l’engagement pris au plus haut sommet de l’Etat pour l’amélioration des connaissances à travers des actions d’information et de sensibilisation constituent un enjeu important, voire même une équation difficile à résoudre. Cette situation a été constatée au grand marché de Koumassi. La phase d’essai de sensibilisation envisagée sur ce lieu à l’endroit des vendeuses par des acteurs de la société civile a permis d’être situé sur la gravité de certaines idées préconçues qu’elles se font par rapport à la Covid-19. Elles veulent savoir si des personnes sont déjà atteintes de cette maladie. Selon elles, tous les cas contaminés sont sur le continent Européen et nulle part ailleurs. L’Afrique n’est pas donc concernée. C’est parce qu’elle veut faire du suivisme. Ce sont ce genre de discours auquel l’on peut être exposé dans d’autres endroits de la ville d’Abidjan. Toute chose qui justifie la négligence des mesures barrières prises par les autorités. La preuve, certaines personnes mettent les bavettes (masques) dans leur poche ou leur sac et ne les portent que par contrainte dans les endroits où elles sont obligées de les porter pour y accéder. A ce sujet, le reportage réalisé par la télévision nationale sur les malades internés aux maladies infectieuses du CHU de Treichville est une première depuis le premier cas confirmé en Côte d’Ivoire, qui certainement va inverser la tendance. Mais en attendant, ce ne serait-il pas mieux de prévoir de nouvelles orientations stratégiques en matière de sensibilisation en vue d’obtenir des résultats probants dans un délai raisonnable ? Elle doit être plus inclusive en impliquant les populations elles-mêmes. Encourager les malades guéris à faire des témoignages et participer aussi à la sensibilisation.