COVID-19 : L’impact sur la vie des femmes

La pandémie de la Covid 19 n’a épargné aucune catégorie sociale en termes d’impact sur la vie des populations. Cependant, elle a eu des conséquences plus désastreuses sur la vie des femmes compte tenu de leur vulnérabilité en Côte d’Ivoire quel que soit leur statut matrimonial. Qu’elle soit célibataire sans enfant, en couple avec ou sans enfant ou encore dans une famille monoparentale, la femme a, plus que quiconque, ressenti les impacts de cette pandémie sur sa vie sociale, professionnelle, économique ou conjugale. En effet, la plupart d’entre elles que nous avons rencontrées crient leur désespoir face à la précarité de leur situation que la Covid19 est venue empirer. Une secrétaire et une caissière dans une entreprise de la place fermée du fait de la Covid19 crient leur misère. Pour cette secrétaire qui vit seule sans enfant, la situation est intenable car les deux mois sans salaire ni soutien de quelque nature avec les factures qui attendent sont plus qu’un calvaire. Au bord de la déprime, elle explique : « Si le Corona ne tue pas, la faim et les soucis finiront par avoir raison de nous. L’Etat ne fait que déplacer les problèmes. Les dates limites de paiement des factures ont été repoussées d’avril à juillet et de mai en août n’arrangent rien. Pis, les nouvelles factures vont venir se greffer aux anciennes. Qu’allons-nous faire ? Comment vivrons-nous ? La CIE et la SODECI ne vont-elles pas suspendre leurs prestations ? Les propriétaires de maisons nous mettent la pression. Ce n’est pas l’Etat qui a construit leurs maisons, nous disent-ils. J’ai bien peur que notre société ne mette la clé sous le paillasson. Moi-même qui suis la secrétaire, le Dg ne me décroche pas ni ne répond à mes appels. Que deviendrais-je sans aucune autre source de revenu ? », s’inquiète-t-elle.
Le témoignage de la caissière est encore plus pathétique. Responsable d’une famille monoparentale, elle a toujours vécu seule avec sa fille qui, aujourd’hui mariée, a trois enfants en cinq ans de mariage. Grâce à son travail et des activités parallèles qu’elle menait, cette mère de famille arrivait tant bien que mal à se prendre en charge et aidait sa fille dans son foyer puisque la situation de son époux n’est pas stable. A plusieurs reprises, elle l’a accueillie avec les enfants pour lui permettre de souffler. Un mois avant le déclenchement de la pandémie en Côte d’Ivoire, sa fille était déjà chez elle avec les enfants dont le deuxième de 3ans avait des éruptions cutanées qu’elle traitait tant bien que mal en associant traitement médical et traditionnel.
« J’ai déménagé à peine 5 mois, cette maudite maladie est apparue. J’ai mis toutes mes économies dans la caution de la nouvelle maison qu’il me fallait à tout prix pour que mes petits enfants soient heureux. Nous étions trop à l’étroit dans le studio. Aujourd’hui, on vit comme on peut sans grands moyens. Je n’ai plus d’économie. On fait une tontine en ligne où j’ai investi 10000fcfa. Souvent, on m’envoie 10000F ou 20000 qu’on essaie de gérer. Le salaire qui ne suffisait pas ne vient même plus puisque le travail est arrêté et on ne sait même pas quand est-ce qu’on va reprendre. Grâce à Dieu, nous essaie de faire face aux charges des enfants. Ce n’est pas facile mais on fait avec. Toutes mes activités sont arrêtées. Rien ne marche. On vit au jour le jour. Je prie Dieu qu’il protège mes petits enfants. La belle mère de ma fille qui a plus de moyens ne veut pas les garder, moi je ne peux rejeter ma famille et ses enfants. C’est Dieu qui nourrit ses enfants, grâce à lui on va survivre du coronavirus et les activités vont reprendre.
Par ailleurs, la COVID19 a bouleversé la vie de la plupart des familles vivant en couple. Certaines femmes se réjouissent que pendant le couvre feu, leur mari était obligé de rentrer tôt. Les hommes n’avaient trop d’alibi pour rentrer en retard ou dormir hors du foyer. Cette situation a également accru la violence dans certains foyers. Les violences sont aussi bien verbales, physiques que sexuelles voire même psychologique. Certaines femmes ont même quitté momentanément leur foyer pour échapper à la violence psychologique. Un homme a même quitté son foyer pour rejoindre sa maîtresse parce qu’il ne supporterait pas sa femme.

Assa Diarra